L’art roman en France & Andorre

Simone RAINARD | 23 décembre 2008

"Art roman" : deux mots presque magiques qui nous évoquent une fraîche pénombre abritant de lourdes voà»tes de pierre.

Du VIe au Xe siècle, les villes sont en net déclin et ne représentent pas plus de 10% de la population sous Hugues Capet. L’essor économique et démographique du Moyen-Âge va complètement inverser cette tendance àpartir du XIe siècle et donner naissance àde majestueux monuments urbains.

Après un début assez sombre, le Xe siècle se termine sur une période d’expansion démographique et économique qui durera jusqu’au XIVe siècle. Ceci va permettre l’éclosion intellectuelle et spirituelle inaugurée par Charlemagne, puis relayée par le clergé, de prendre son essor avec l’apparition de l’architecture romane, dont les grandes abbayes restent le témoin majeur.

L’art roman est le style de l’art de l’Europe occidentale de la période du XIe au XIIIe siècle. Il concerne essentiellement l’architecture des édifices religieux (églises, cathédrales, abbayes, cloîtres), avec les sculptures associées (statues, colonnes et chapiteaux, tympans).

Partons àla découverte de quelques uns de ces monuments, essentiellement des églises, àl’architecture massive, dotés de sculptures d’une grande richesse que l’on trouve principalement dans nos régions comme l’Aquitaine, la Bourgogne, la Catalogne et le Languedoc-Roussillon, sans oublier Andorre.

En France

De très beaux monuments témoignent de cette période. Parmi les mieux conservés, on trouve de nombreuses églises en Bourgogne et en Auvergne, mais aussi en Provence, dans le Périgord et le Languedoc-Roussillon.

Aujourd’hui, l’art Roman offre au regard un extraordinaire patrimoine d’architecture et de sculptures. Ces magnifiques pierres romanes sont aujourd’hui, des reflets sublimes de la civilisation médiévale.

Au début du XIe siècle, l’Aquitaine s’étendait sur les deux tiers du Massif Central. Les architectes aquitains se sont passionnés pour les problèmes de voà»tement. Ils se sont orientés vers le double alignement de piles transformant la nef unique en un vaisseau central accompagné de collatéraux étroits, maintenus àla même hauteur. C’est ainsi que sont apparues les voà»tes se contrebutant mutuellement. C’est la caractéristique typique de l’architecture poitevine.

L’art du Poitou et des régions voisines, tout en courbes et très ornementé, se caractérise par une façade "frontispice" extrêmement décorée.

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On retrouve ce goà»t pour les décors couvrants sur la façade de Notre-Dame-La-Grande de Poitiers (XIIe siècle), monument prestigieux de l’art roman poitevin. Sa façade entièrement structurée par des frises d’arcatures en plein cintre, est riche en sculptures qu’un système de projection permet actuellement d’en ressusciter la riche polychromie qui àl’époque les recouvrait.

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La façade présente une élévation àtrois étages. Au premier niveau nous trouvons un portail central en plein cintre encadré de deux portails latéraux en arcs brisés. Le deuxième niveau présente deux galeries d’arcades abritant des statues de saints de chaque côté d’une large baie centrale. Le troisième niveau est constitué d’un fronton décoré en son centre d’une riche mandorle.(1)

La cathédrale Saint-Pierre d’Angoulême (XIIe siècle), présente, elle aussi, une façade minutieusement sculptée, illustrée de thèmes bibliques. (2)

La charmante église Sainte-Radegonde de Talmont, de style poitevin, présente un ensemble sobre et harmonieux : abside en cul-de-four, tour carrée au-dessus de la croisée du transept et élégant portail aux voussures sculptées. (3)

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L’église Saint-Étienne de Vaux-sur-Mer est, avec celle de Talmont, l’un des plus beaux monuments romans de la Saintonge. Ses origines remontent en 1075, où fut fondé le monastère qui a subi de nombreuses destructions et mutilations. De cette abbaye, il ne reste que l’église qui a perdu sa nef et ses absidioles. L’entrée donne dans le transept au-dessus duquel se détache le clocher carré et trapu. (4)

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À ce style aimable s’oppose la majestueuse sévérité des monuments auvergnats : priorité est donnée au voà»tement de la nef par de larges et lourds berceaux, contrebutés par les tribunes.

Les surfaces murales dépouillées et anguleuses respirent une puissance sobre et énergique, comme àNotre-Dame-du-Port de Clermont-Ferrand. Construite au XIIe siècle, elle est en grande partie dissimulée par les maisons du quartier qui l’entourent.(5)

L’église de Saint-Saturnin est vraisemblablement le dernier des édifices majeurs de l’Auvergne romane. L’absence de nartex et de chapelles rayonnantes contribue àla singularité de l’église Saint-Saturnin, tout comme son clocher d’origine, d’une simplicité particulièrement élégante. (6)

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Dans le Sud-ouest, le problème du voà»tement des vastes nefs nécessaires pour accueillir un grand nombre de fidèles a été résolu àl’aide d’un système de file de coupoles inspirées de Rome et de Byzance. On en trouve de nombreux exemples comme àSaint-Front de Périgueux, malheureusement dénaturée par sa "restauration" au siècle dernier. (7)

Les recherches décoratives qui se manifestent àSaint-Sernin de Toulouse ont fait école dans tout le Midi. Saint-Sernin s’inscrit dans la ligne directe des églises de pèlerinage. À l’extérieur, on retrouve l’étagement des chapelles et la saillie du transept couronné par une haute tour-lanterne qui assure l’éclairage du chœur. (8)

La Bourgogne fut àl’époque romane, la terre des moines ayant vu successivement grandir l’empire de Cluny et l’ordre de Citeaux. C’est àl’expansion clunisienne que se rattache l’action de l’un des principaux réformateurs monastiques de l’an mille, Guillaume de Volpiano.

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Fondé en 910 par les moines bénédictins, le monastère de Cluny dispose d’une première église abbatiale (Cluny I) achevée en 924 et qui sera suivie par deux autres édifices (Cluny II et Cluny III). Longue de 187 m, l’abbatiale était la plus vaste église de la chrétienté. Elle sera presque complètement démolie après la Révolution. Le clocher de l’eau bénite, bras sud du grand transept, est tout ce qui reste de Cluny. (9 et 10)

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L’abbaye Saint-Philibert de Tournus, avec sa haute silhouette de pierres roses et ocres, provenant de carrières proches, est considérée comme l’un des plus grands chefs-d’œuvre de l’art roman de France. Empreinte d’austérité et de splendeur, sa construction s’étalera du XIe au XIIIe siècle. La tour du narthex, avec ses allures de forteresse, est décorée d’arcatures lombardes. (11)

Fondée en 1059 par l’abbé de Cluny, Hugues de Semur, l’église Notre-Dame de la Charité-sur-Loire connaît un essor impressionnant qui lui vaut le titre, au XIIIe siècle, de "Fille ainée de Cluny". Située sur un des principaux chemins de pèlerinage àSt Jacques de Compostelle, près d’un pont qui franchissait la Loire, elle était àl’époque la plus grande église de France après Cluny.

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Dans la deuxième moitié du XIe siècle, l’église comprenait une grande nef àtrois étages d’élévation et double collatéraux, un grand transept, une abside àdéambulatoire et cinq chapelles rayonnantes, une tour en façade (au nord) et une tour centrale. La tour centrale compte un seul étage sur un lourd massif carré. (12)

Des abbayes sont fondées sur les routes des grands pèlerinages. C’est le cas de l’abbaye bénédictine de Conques, située en Rouergue, qui était un grand centre de pèlerinage et une des principales villes étapes sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle, la via Podensis passant par le Puy-en-Velay. L’abbaye se développa surtout àpartir de l’arrivée des reliques de Sainte Foy, jeune martyre d’Agen au Ve siècle. (13)

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Les régions méridionales sont les premières àse démarquer du modèle carolingien.
L’allure caractéristique des églises romanes commence àse fixer, basée sur une composition pyramidale de volumes bien dessinés : nef, transept, chevet avec absides et absidioles. L’abbaye de Gellone àSaint-Guilhem-le-désert (fin XIe siècle) en est un bon exemple, avec son abside voà»tée en cul-de-four, décorée de niches aveugles. L’abside Sud, la plus ancienne, est décorée de bandes lombardes. L’abside Nord est ornée d’une couronne d’arcs. (14)

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L’abbaye de Saint-Michel de Cuxa, est un des joyaux du préroman : les constructions, en "petit appareil" (petites pierres grossièrement taillées), sont sobrement décorées de "lésènes" en faible relief, sous l’influence de maçons d’origine lombarde. (15)
Au style méridional novateur s’oppose le style Ottonien de l’abbatiale d’Ottmarsheim, construite entre 1020 et 1049 sur le modèle de la chapelle palatine de Charlemagne àAix-la-Chapelle : son plan octogonal recouvert d’une coupole s’inspire des constructions des Lieux-Saints. (16)

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En Andorre

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Au XIIe siècle, les églises romanes, souvent frustres et sévères semblent avoir fleuri aux points stratégiques du paysage, parfois sur des constructions antérieures, wisigothiques ou carolingiennes. Surplombant la vallée, dressés sur un contrefort rocheux, les clochers servent de tour de guet pour avertir des dangers et les porches ou les sanctuaires, espaces dévolus au recueillement vont abriter les premières formes de l’organisation politique andorrane.

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La tradition préromane au IXe siècle se caractérise par une abside carrée séparée de la nef par un arc triomphal outrepassé, un appareillage irrégulier, des fenêtres archaïques àébrasure simple.

La petite église romane Sant Joan de Caselles, a conservé sa nef du XIe siècle tandis que l’abside a été refaite. Son clocher dresse ses étages de baies en une tour ajourée dont nous trouverons de nombreux exemples en Andorre. Les fenêtres inférieures sont ouvertes dans le mur nu. Et au-dessus, les baies géminées sont encadrées par des pilastres très plats et une fine dentelure d’arcades. (17)

Dominant Les Escaldes, la petite église de Sant Miquel d’Engolasters dresse son haut clocher carré avec ses fenêtres géminées, le plus souvent obstruées, dans des encadrements de bandes lombardes. Avec sa nef unique et son abside semi-circulaire, elle se distingue par le feston de petites arcades développé sous la corniche. (18)

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L’église de Santa Coloma est un édifice préroman remanié au XIe siècle. Son clocher altier, apparemment cylindrique, est en fait constitué de quatre panneaux plats reliés par des surfaces courbes. Sur lesquels se superposent en quatre étages des fenêtres géminées de plus en plus importantes au fur et àmesure que l’on gagne en hauteur. (19)

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Comme toutes les églises romanes d’Andorre, l’Oratorio de Meritxell est de modeste importance, mais l’harmonieux accord de son volume et du site des gorges de Canillo dans lequel elle se situe ne laisse pas indifférent. (20)

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