Michel Chagniot, passionné de longue date pour les fleurs tant dans son jardin que du côté maximaphile, nous présente une étude qui nous transporte dans un jardin très particulier !
Aussi loin que l’on remonte dans le temps, tous les peuples ont aimé les fleurs et ont réservé à cette culture ingrate et poétique une grande part de leur temps à leurs soins. Dans toutes les mythologies, les fleurs ont une valeur emblématique.
Les grecs, en particulier, ont attribué à chacune d’elles un sens symbolique.
À l’époque minoenne (XVe siècle avant J.C.), sur les fresques qui ornent les murs du palais de Cnossos en Crête, nous trouvons sur des représentations florales, la fleur de lys.
L’œillet est apporté d’Asie-Mineure par les croisés. Les turcs menacèrent Vienne mais lui firent cadeau de la tulipe qui vient de Perse et trouve par la suite sa terre de prédilection en Hollande. La renoncule arrive elle aussi de Turquie, le freesia d’Afrique et la gaillarde d’Amérique. Le jésuite Camelli apporte le camélia en Europe.
1 - Aconit - Aconitum.
Famille des renonculacées.
Médée, la redoutable magicienne de la mythologie grecque, en employait dans ses filtres meurtriers, et les guerriers gaulois empoisonnaient la pointe de leurs flèches avec son suc.
2 - Adonis - Adonis vernalis.
Famille des renonculacées.
Adonis était dans la mythologie, un jeune homme d’une beauté remarquable. Prince de Chypre, il fut vénéré dans de nombreux lieux en même temps qu’Aphrodite. Selon la légende, il est né d’une union incestueuse entre Myrrha et son propre père. Quand ce dernier s’en aperçut, il a voulu la tuer, mais les dieux la transformèrent en un arbre à myrrhe. Un jour un sanglier fendit l’arbre et de la fissure naquit Adonis. Aphrodite l’aimait et Perséphone aussi, le conflit fut arbitré par Calliope qui donna une moitié d’année à chaque déesse. Pendant chaque moitié, Adonis se consacra à l’une d’elle.
3 - Anémone - Coronaria (Anémone des fleuristes).
Famille des renonculacées.
La nymphe Anémone servait de son mieux la déesse Flore. Mais elle était si belle que Zéphyr, l’époux de Flore, tomba amoureux d’elle. Jalouse, Flore exila Anémone. Zéphyr la suivit et les amants se retrouvèrent. Flore les rejoignit et les surprit au moment où ils s’étreignaient. Elle métamorphosa Anémone en fleur. Tout ce que pu faire Zéphyr pour elle, c’est qu’elle ne s’épanouisse que sous sa caresse. Depuis ce temps, la fleur fragile n’ouvre sa corolle que si la brise l’effleure légèrement sous le soleil.
4 - Anémone - Pulsatilla nemorosa.
Dans la mythologie, Anémone était la plus belle des nymphes présentes à la cour de la déesse Flore, la déesse des fleurs. Or Zéphyr et Borée, les vents qui se disputaient toujours, l’aimaient chacun de son côté. Flore s’en aperçut et voyant qu’ils se disputaient son cœur, transforma la nymphe en anémone, fleur qui s’ouvre au printemps. Ainsi abandonnée de Zéphyr, au souffle doux, Anémone fut à jamais soumise aux rudes caresses de Borée, le vent du nord. N’ayant pas réussi à se faire aimer d’elle, il l’agite sans cesse, l’entrouvre et de dépit la fane et disperse ses pétales au loin.
5 - Bleuet - Centaure.
Famille des composées.
Gracieux et modeste, le bleuet rappelle la légende de Cyanus, le jeune grec qui chantait les blés murs et tressait des couronnes pour les moissonneurs, mort trop jeune dans un champ doré et que Flore apitoyée transforma en bleuet.
6 - Campanule - Campanula.
Famille des campanulacées.
On appelle la campanule « Miroir de Vénus » car en son centre se trouve un disque brillant dont Vénus se servait comme d’un miroir pour vérifier l’éclat de sa beauté lorsqu’elle allait retrouver Adonis. De là, vient sans doute ce symbole de coquetterie attaché à cette fleur.
7 - Crocus - Crocus.
Famille des iridacées.
Une jeune fille et son amant avaient un oiseau comme messager. La jeune fille reçut dans le cœur une flèche destinée à l’oiseau. Vénus que l’amour des jeunes gens attendrissait, changeât la jeune fille en liseron et le jeune homme, qui ne pouvait survivre à son amour, en crocus.
8 - Iris - Iris.
Famille des iridacées.
C’est en souvenir de la déesse Iris, messagère des dieux, favorite de Junon, qui la récompensa de sa fidélité en lui permettant de déployer l’arc-en-ciel dans les airs, que cette fleur élégante peut refléter toute les nuances de l’arc céleste annonciateur du beau temps.
9 - Laurier rose - Nerium oleander.
Famille des apocynacées.
Dans l’antiquité, les Anciens ornaient de lauriers les temples et les autels dédiés à Apollon. L’odeur forte de son feuillage était censée communiquer aux devins, qui en mâchaient, la clairvoyance et l’enthousiasme prophétique.
10 - Lotus - Nelumbo.
Famille des nymphéacées.
En Égypte, le lotus est la plante sacrée et privilégiée. La légende raconte qu’au commencement du monde, un lotus sortit de l’océan primordial. La fleur commença à s’ouvrir et l’on vit alors un enfant sortir du calice de la fleur. Cet enfant, c’était RÂ, le soleil. Tout comme aujourd’hui la parure des roses peut décorer nos tables, les Égyptiens ornaient leurs salles de festins d’immenses bouquets de fleurs de lotus.
11 - Myosotis - Myosotis.
Famille des borraginacées.
Une légende allemande raconte qu’un amoureux voulut cueillir, pour sa belle, de ces frêles fleurs poussant au bord d’une rivière. Il s’approcha, glissa, tomba et fut entraîné par le courant. Avant de disparaître, il eut le temps de lancer les fleurs à la jeune fille en lui criant « Ne m’oublie pas ! ».
12 - Narcisse - Narcissus.
Famille des amaryllidacées.
Narcisse, jeune homme d’une beauté parfaite, dédaigna l’amour de la nymphe Echo, épris qu’il était de sa propre beauté qui lui fut révélée alors qu’il se désaltérait dans une fontaine et qu’il s’y admirait. Les dieux, pour le punir de cette complaisance, le changèrent en fleur.
13 - Nénuphar - Nymphea.
Famille des nymphéacées.
Son nom vient de la nymphe qui se passionna pour Hercule et dont l’amour la conduisit au tombeau. Comme beaucoup de personnages ayant une mort prématurée, la nymphe fut transformée en plante par le héros afin de s’éterniser dans sa mémoire, elle devint la nymphéa. Le nom français vient de l’arabe niloufar, nom qu’ils donnaient à la plante.
14 - Œillet - Dianthus.
Famille des caryophyllacées.
Selon Ovide, Aura, un jour de colère aurait arraché les yeux d’un berger qui l’avait contrariée. Prise de remords et ne sachant que faire de ces yeux, elle les jeta au hasard dans la terre, ils germèrent et devinrent des œillets… L’histoire ne dit pas quelle espèce, il y en a tellement !
15 - Orchidée - Orchis.
Famille des nymphéacées.
Une légende raconte que la nymphe Arachné avait suscité la jalousie de Minerve en la surpassant dans l’art de la broderie. Par vengeance mesquine, la déesse changeât Arachné en araignée. L’orchidée, fleur faite à l’image de l’araignée, perpétue le souvenir de la nymphe.
16 - Pensée - Viola.
Famille des violacées.
Mme de Noailles disait que certaines pensées semblent avoir reçu sur leurs pétales « l’œuf d’un colibri », et la mythologie raconte leur histoire : Io, jeune fille sage, fut séduite par Jupiter qui avait pris l’apparence d’un berger. Pour qu’elle échappe à la fureur de Junon, Jupiter la changeât en génisse. C’est Flore qui adoucit son sort en faisant éclore autour d’elle un tapis de pensées.
17 - Pivoine - Paeonia.
Famille des renonculacées.
La teinte pourpre de la pivoine reste le symbole de la honte de la nymphe Péone, qui avait un peu trop enfreint le code de la pudeur et que les dieux avaient punie en la transformant en une fleur, qui porterait éternellement cette couleur que la honte avait imprimée sur son front.
18 - Renoncule - Renonculus.
Famille des renonculacées.
Une jeune fille laide aimait un beau jeune homme qui en aimait une autre. Elle se consuma dans le secret de son cœur et mourut. Flore la changea en renoncule, lui versant un peu de ce poison qui l’avait rongée sous forme de jalousie pendant sa courte vie.
19 - Souci - Calendula.
Famille des composées.
Un jeune berger aimait le soleil à la folie, ne supportant pas qu’un nuage vint à voiler l’astre du jour. Pourtant, il arriva que les intempéries le cachent assez longtemps. Le berger en mourut de chagrin et Apollon le transforma en une fleur à son image, qui s’épanouit en rayonnant à une époque de l’année où le soleil se montre le plus avare de son éclat et de sa chaleur.
20 - Violette - Viola.
Famille des violacées.
Chez les anciens, la violette était symbole de pureté et d’innocence. Ils en décoraient les tombeaux des jeunes vierges. Et la mythologie raconte que Vénus ne pouvait se résoudre à aimer Vulcain, son époux si laid. Voulant conquérir son épouse, il se couronna un jour de violettes qui embaumaient tellement que Vénus, conquise, accepta enfin de le suivre et d’être à lui.
Sources :