Le succès d’une collection philatélique est assuré tout d’abord par la manière dans laquelle elle réussit à capter, au premier coup d’ œil, l’attention des visiteurs par son aspect agréable, en créant à celui qui la regarde la sensation de se trouver devant une oeuvre d’art, dans une galerie d’art et non pas devant une vitrine appartenant à un dépôt. Le membre du Jury, bien qu’il ait à sa disposition seulement cinq points comme récompense au chapitre “Présentation†du règlement (SREV) de la FIP, se fait une première impression, déterminante, sur la collection en ce qui concerne la présentation générale et c’est avec cette impression qu’il passe à l’investigation et à l’évaluation détaillées. C’est la raison pour laquelle la présentation des collections a constitué et constitue la principale préoccupation des collectionneurs-exposants.
A toutes les classes d’exposition est paru un problème délicat, celui de la nécessité d’exposer certaines pièces philatéliques de dimensions atypiques par rapport aux formats usuels A4 (210x297 mm) ou “Letter†(8,5x11 inch). Esprits inventifs, les exposants ont fait appel aux divers artifices afin de placer les feuilles de timbres-poste, les lettres et les documents postaux à grandes dimensions, les entiers postaux (les mandats postaux ou les bandes à journaux), les grandes enveloppes ayant circulé avec de nombreux timbres, les enveloppes “Premier jour d’émission†ou d’autres pièces surdimensionnées par rapport aux feuilles d’exposition.
Le plus souvent, on couvrait simultanément deux pages d’exposition, mais pour l’exposant apparaissaient de nombreux problèmes supplémentaires. Il devait attirer l’attention des organisateurs non seulement sur la situation exceptionnelle d’exposition, mais aussi sur la façon d’emballer séparément les pièces surdimensionnées. A la demande insistante des fédérations philatéliques intéressées, la FIP a introduit d’autres dimensions des pages dans les règlements. Le Board de la FIP, a recommandé les suivants formats pour les pages d’exposition : 21x29,7cm (format A4) ou 23x29cm – 4 pages sur un rang, 42x29,7cm (format A3) ou 46x29cm – 3 pages sur un rang. Dans cette nouvelle situation, il n’était pas nécessaire de faire la présentation des exceptions ; toute la collection pouvait être exposée sur des pages plus grandes, format A3, généralement.
L’utilisation des pages plus grandes,d’habitude doubles, peut résoudre le problème pratique, de placer convenablement les pièces philatéliques, mais elle offre également la chance d’un changement radical dans l’apparence des cadres (dans leur ensemble).
Les pionniers des ces actions ont été les collègues français de l’association “Les Maximaphiles Français†(MF). D’ailleurs, c’est cette association qui a lancé la première définition de la carte postale illustrée maximum, en 1946. Le nouveau concept graphique a pris racine et les débats eurent une extension considérable dans d’autres associations de maximaphilie européennes. Afin d’être plus convaincants en ce qui concerne l’utilité de la modification du style d’exposition, Les Maximaphiles Français ont présenté les premières collections sur des feuilles format A3 (420x297mm). La revue des maximaphiles français a présenté dans le numéro jubilaire 500 de l’an 2013 une collection et des commentaires qui soutenaient le nouveau format. L’auteur de l’article, le possesseur de la collection “Oiseaux rapaces†est le secrétaire de l’association MF, le collègue Bruno Bouveret. L’innovation qui est née du désir de rompre la monotonie des présentations “classiques†avait été le thème des discussions à quelques rencontres des membres des MF et l’objet d’étude à l’exposition pour la jeunesse de “Nesles-la Vallée†englobé dans le programme annuel dédié à la Fête “Jour du timbre†, 2013.
Aborder une idée novatrice, tout d’abord devant les jeunes philatélistes, s’est révelé un véritable succès. A la suite de cette exposition, beaucoup d’exposants jeunes et très jeunes ont réorganisé leurs collections, en utilisant les pages A3. Le style a été également adopté par les exposants adultes et par conséquent, le premier supplément “Maximaphiles français HIS†des MF est dédié à la collection “L’art dans la Grèce antique†présentée sur des pages format A3. Le collectionneur Christian Barret, le webmaster du blog MF et membre du Conseil des MF, a réorganisé lui-aussi sa collection qui était réalisée sur des pages A4. Il l’a présentée en A3 et le résutat est spectaculaire.
L’exposition philatélique nationale, à paricipation internationale “SibiuMax 2015†a fait le passage de la théorie à l’application concrète, sur des cadres, en utilisant des pages format A3.
Présentée au concours, la collection du collègue Bruno Bouveret, “Oiseaux rapaces†fut le centre d’intérêt du public, des maximaphiles, des visiteurs ainsi que du jury. Le jury, jugeant la solution novatrice, lui a décerné la médaille d’or. Le public s’enthousiasmait à chaque passage devant les cadres en cause, en appréciant la présentation élégante. Les maximaphiles présents à Sibiu, ont à l’occasion d’ un court colloque conclu en faveur d’un changement du style en ce qui concerne la présentation des collections.
A la suite des discussions avec mes collègues, j’ai retenu quelques arguments pro et contre le fait d’exposer les collections sur des pages format A3. Les arguments contre les plus invoqués ont été la difficulté de la réalisation graphique et la difficulté d’imprimer des pages de grand format, ainsi que la nécessité de confectionner de nouveaux emballages en vue du transport, ayant des dimensions gênantes. Ces arguments se sont effacés au moment où les participants ont mis en évidence les multiples avantages. On a remarqué de nombreux aspects qui, semble-t-il, vont imposer la nouvelle technique d’assemblage. Le principal avantage mis en relief a été la possibilité d’utiliser plus de cartes-maximum pour la présentation. On a parlé de la possibilité théorique d’utiliser cinq cartes maximums sur la surface d’un format A3, au lieu de quatre pièces seulement sur la surface équivalente de deux pages A4. Cela veut dire que le nombre maximal des cartes maximums pourrait avoir dans le cas d’une collection de cinq cadres avec 80 pages, 198 cartes illustrées au lieu de seulement 158 sur l’ancien format. La différence est remarquable et elle constitue, évidemment, un grand avantage pour la plupart des thèmes. On a souligné, comme avantage majeur, la chance offerte d’une superficie utile plus grande afin d’éviter le chevauchement des cartes. L’espace généreux du format A3 permet, en même temps, un placement irrégulier des CM, pour éviter la répétition monotone des positions des deux cartes illustrées sur des pages format A4. La possibilité d’introduire divers éléments graphiques complémentaires, utiles à la présentation, augmente l’effet artistique du cadre dans son ensemble de huit pages A3.
Les nouvelles mises en page des cartes illustrées maximum, les textes et les images graphiques complémentaires offrent aux exposants la possibilité d’étaler leur talent artistique.
Moi-même, seul, je suis plusieurs fois revenu devant les cadres où était montée la collection, devenue élément pédagogique. J’essayais de réévaluer les arguments pro et contre et tout d’un coup j’ai constaté qu’en regardant les cinq cadres j’avais déménagé dans une galerie d’art. Est-ce trop prétentieux ? Alors, disons que je me trouvais dans un musée moderne pendant que je regardais les cadres attrayants et très instructifs. Par rapport aux cadres ayants des pages A4 qui créaient l’impression d’un grand échiquier avec ses petits carrés régulièrement distribués, devant la présentation en A3 on se croyait devant une toile magnifiquement peinte.
Sollicités à opter pour la collection la plus agréable, les visiteurs ont invariablement choisi la collection “Oiseaux rapaces†. Ils ne savaient ni combien de “pièces anciennes†elle contenait, ni le pointage que le jury lui avait accordé.